Analyse diplomatique et politique de la RDC ce 14 juillet 2025
À Paris, lors de la 50ᵉ session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, la présidente de l’Assemblée nationale française, Yaël Braun‑Pivet, a salué l’accord de paix récemment signé entre la RDC et le Rwanda. Elle a appelé à l’instauration rapide de mécanismes concrets de mise en œuvre, soulignant la responsabilité partagée des deux États dans la stabilisation de la région des Grands Lacs.
Appui diplomatique français, réserves internes congolaises
Dans la même logique, Rémi Maréchaux, ambassadeur de France, a réaffirmé le soutien de la France à l’accord de Washington, pierre angulaire du processus de paix actuel. Toutefois, il a insisté sur la nécessité d’accords complémentaires, notamment sur les mécanismes de désarmement du M23, le retrait des troupes étrangères et le respect de la souveraineté congolaise.
Du côté congolais, Vital Kamerhe, à la tête de la délégation parlementaire, a sollicité une mobilisation diplomatique internationale en faveur de cet accord. Mais en RDC, l’opposition politique et la société civile émettent de sérieuses réserves : elles dénoncent un accord jugé partiel, opaque et non inclusif, appelant à un véritable dialogue national élargi.
Lecture critique – Les deux faces de l’accord RDC–Rwanda
Points positifs
- Reconnaissance internationale : L’appui de la France et d’autres partenaires renforce la légitimité du processus.
- Porte ouverte à une désescalade : L’accord pose un cadre initial de réduction des tensions armées dans l’Est du pays.
- Renforcement de la diplomatie congolaise : Vital Kamerhe et la délégation congolaise ont occupé l’espace diplomatique francophone avec vigueur.
Points faibles
- Absence de représentativité nationale : Ni les communautés locales, ni l’opposition, ni les représentants des déplacés internes n’ont été associés aux négociations.
- Accord déséquilibré : Trop de flou demeure sur les garanties de retrait des troupes rwandaises et sur la prise en compte des crimes de guerre.
- Méfiance persistante au sein de l’opinion publique congolaise, qui redoute un nouveau processus de paix au bénéfice des agresseurs et non des victimes.
Projection estimative – Scénario probable
À court terme, on peut s’attendre à une trêve relative sur le terrain diplomatique, mais les tensions militaires resteront vives à l’Est, notamment à Uvira où les FARDC et le M23 continuent de se renforcer malgré le dialogue de Doha.
Sans une inclusion nationale et une transparence accrue, l’accord court le risque de nourrir un sentiment de trahison politique en interne, et de devenir une simple vitrine diplomatique.
Conclusion
L’accord de paix RDC–Rwanda salué aujourd’hui à Paris représente un jalon potentiel vers la stabilité. Toutefois, pour qu’il soit durable, il devra être renforcé par des mécanismes nationaux inclusifs et un engagement international effectif à traduire les intentions en actions.