
BURUNDI/RDC – Crise diplomatique : arrestation de l’ambassadeur Willy Mulumba à Bujumbura
30 juillet 2025
Rédaction : AnalysonsKongo | Rubrique : Diplomatie & Sécurité
La tension diplomatique entre Kinshasa et Bujumbura franchit un nouveau seuil ce 30 juillet 2025. L’ambassadeur de la République Démocratique du Congo au Burundi, Willy Mulumba, a été arrêté par les services de renseignement burundais, en lien présumé avec une coopération secrète avec les rebelles du M23/Twiranewo.
Deux autres agents de l’ambassade, Félix Mweze (agent administratif) et Roland Ruboneka (chargé de capture des passeports), avaient déjà été interpellés le 27 juillet à leur résidence. Ils ont ensuite été expulsés et transférés à Kinshasa à bord d’un vol affrété spécialement pour l’occasion.
Des sources diplomatiques indiquent que ces arrestations sont motivées par des soupçons de collaboration discrète avec les groupes armés opérant dans l’Est du Congo, notamment le M23, que Bujumbura considère comme une menace régionale.
Est-il légal d’arrêter un ambassadeur en fonction ?
Selon la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961, à laquelle le Burundi et la RDC sont parties :
Article 29 : « La personne de l’agent diplomatique est inviolable. Il ne peut être soumis à aucune forme d’arrestation ou de détention. »
Article 31 : « L’agent diplomatique jouit de l’immunité de juridiction pénale de l’État accréditaire. »
En clair, l’ambassadeur Mulumba ne pouvait pas être arrêté sans une rupture explicite des relations diplomatiques ou une déchéance de son statut diplomatique par son propre pays. Si l’ambassadeur était toujours en fonction à la date de son arrestation, cela constitue une violation du droit international.
Que dit la loi congolaise ?
La RDC, par sa loi organique sur le service diplomatique, reconnaît également l’inviolabilité de ses diplomates. Cependant, en cas de trahison, espionnage ou complicité avérée avec un groupe armé, l’État peut rappeler, suspendre ou relever de ses fonctions tout diplomate.
L’expulsion vers Kinshasa des deux agents diplomatiques précédemment arrêtés laisse penser à une coopération silencieuse entre les deux États pour gérer ce dossier « entre services ».
Analyse
Ce développement soulève de nombreuses questions :
- Pourquoi le Burundi a-t-il pris le risque d’arrêter un ambassadeur en poste ?
- Y a-t-il rupture tacite des relations diplomatiques entre les deux pays ?
- La RDC veut-elle faire porter la responsabilité de ses relations troubles avec le M23 à certains de ses diplomates ?
Cela illustre en tout cas une crise de confiance régionale majeure, dans un contexte où le dialogue intercongolais et la sécurité dans les Grands Lacs sont au cœur des préoccupations diplomatiques.
Conclusion :
L’arrestation de Willy Mulumba constitue un précédent dangereux et pose la question de la protection réelle des diplomates dans une région marquée par la guerre, les jeux d’alliances troubles, et les intérêts miniers croisés. La RDC doit clarifier sa position, le Burundi aussi. Mais surtout, le peuple congolais mérite la vérité.
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