Informations clés
Le 3 juin 2025, la Banque mondiale a officiellement approuvé un financement de 1,49 milliard de dollars pour quatre projets majeurs en République Démocratique du Congo (RDC). L’un des volets les plus symboliques concerne le projet Inga 3, qui recevra 250 millions de dollars. Selon le plan de la Banque, ces fonds permettront d’alimenter 1,2 million de personnes grâce à l’expansion de la capacité énergétique dans le sud-ouest du pays.
Le projet Inga 3, élément central du Grand Inga, est censé faire de la RDC une puissance énergétique régionale grâce à l’exploitation du fleuve Congo, deuxième plus puissant du monde après l’Amazone. Depuis les années 1970, le barrage est resté une promesse non tenue, suspendue entre ambitions politiques, intérêts privés et impasses de gouvernance.
Analyse – Les enjeux d’Inga 3
Les opportunités (le « pour »)
- Accès à l’électricité pour les populations
Si le projet est mené à bien, 1,2 million de Congolais supplémentaires auront enfin accès à une énergie stable. Cela pourrait stimuler la santé, l’éducation, les PME, et réduire l’usage du bois ou du charbon. - Création d’emplois et stimulation économique locale
Inga 3 implique des travaux d’infrastructure massifs (routes, pylônes, lignes haute tension), créant des milliers d’emplois directs et indirects. - Revenus d’exportation d’énergie
L’énergie produite pourrait être exportée vers les pays voisins (Afrique du Sud, Angola, Namibie), générant d’importants revenus à long terme. - Effet d’image international
Le soutien de la Banque mondiale redonne une crédibilité technique au projet, attirant potentiellement d’autres investisseurs (Chine, USA, Qatar, etc.).
Les risques et faiblesses (le « contre »)
- Mauvaise gouvernance & détournement
Historiquement, les grands projets d’infrastructure en RDC sont marqués par l’opacité, le clientélisme et la mauvaise gestion. Inga 3 pourrait suivre la même trajectoire. - Absence de transparence contractuelle
Les contrats liés à Inga ont souvent exclu la société civile et les parlements provinciaux, alors qu’ils engagent des ressources naturelles communes sur plusieurs décennies. - Impact écologique et déplacement de populations
Plusieurs ONG alertent sur le risque d’inondation de terres habitées, la destruction d’écosystèmes du fleuve et les expropriations sans indemnisation. - Dette extérieure croissante
Même si l’aide actuelle n’est pas entièrement un prêt, une dépendance à long terme vis-à-vis des bailleurs multilatéraux renforce la fragilité budgétaire de l’État congolais. - Énergie à deux vitesses
Il est à craindre que, comme pour les barrages Inga I et II, l’énergie soit vendue prioritairement aux miniers et aux pays étrangers, laissant les populations locales sans amélioration réelle de leur quotidien.
Recommandations de Mwalimu Kongo
1. Créer une autorité indépendante de supervision
Le projet Inga 3 ne doit pas être laissé uniquement entre les mains du gouvernement central. Une structure de surveillance multipartite incluant la société civile, les experts locaux et les communautés impactées est essentielle.
2. Rendre public le plan d’utilisation des 250 millions USD
Le détail du financement alloué par la Banque mondiale doit être publié en ligne, poste par poste. L’opacité serait un signal de danger.
3. Prioriser les bénéficiaires congolais
L’énergie produite doit d’abord desservir les zones de santé, les écoles, les quartiers non électrifiés et les zones rurales. Les miniers et l’export doivent venir en second plan.
4. Conditionner le décaissement par résultats
Chaque phase du projet doit être évaluée de façon indépendante. Les fonds doivent être versés en tranches, uniquement après atteinte de jalons définis.
5. Prévoir un plan écologique clair
Un audit d’impact environnemental doit être publié. Les populations déplacées doivent bénéficier d’un programme de relogement et de compensation.
Conclusion
Le retour du projet Inga 3 sur la table est une chance historique pour la RDC, à condition de ne pas répéter les erreurs du passé. L’électricité ne doit pas être un luxe pour les riches ou les étrangers, mais un droit de base pour chaque Congolais.
Le moment est venu de transformer une promesse mythique en un progrès concret. MwalimuKongo continuera de suivre l’évolution de ce dossier pour vous offrir la vérité, et rien que la vérité.
Par : Mwalimu Kongo, Analyste politique & économique, AnalysonKongo
Source principale : Reuters
Contact rédaction : info@analysonkongo

